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    L'arrivée des Touareg

    La phase finale de l’art rupestre au sud du Sahara est dénommée « cameline », et se distingue par des gravures et peintures qui sont situées près de puits et le plus souvent sur des parois bien en vues. Les personnages, de dimensions importantes, sont traités sur un plan frontal et vêtus d’un habillement nouveaux dans l’art rupestre saharien, fait d’habits amples et bien couvrants. Ils sont aussi souvent armés de plusieurs javelots, montent des chevaux et dromadaires à silhouette levrettée et s‘adonnent à la chasse à courre aux autruches, antilopes et girafes (Dupuy 1993).


    Ces images renvoient des activités qui étaient encore récemment réservées à des nobles Touareg, incitant à y voir la représentation d’une aristocratie dans ses activités de noblesse, chasse à courre, monte animale et puissance guerrière d’honneur ou de conquête à travers les javelots. A côté de ces images, des inscriptions alphabétiques très similaires aux caractères Tifinagh sont bien présentes et commencent, comme aujourd’hui, par la mention |: = nak = moi, que l’on retrouve aussi souvent dans les poèmes Touareg.

    1993 cameline dupuyen cours d'écriture

    L’ensemble des ces stations « cameline » recouvrent quasi parfaitement le domaine actuel des Touareg et il ne fait guère de doute qu’il en sont les auteurs. Pas plus qu’il ne fait de doute que les traditions de la chasse à courre, de la monte des chevaux et dromadaires, le port de javelots et les inscriptions Tifinagh ont une origine nord africaine (Dupuy 1993).

    La mise en en place de cette aristocratie berbère au sud du Sahara, peut être datée autour du Vè siècle de notre ère, notamment par des indices trouvés dans le tombeau de la Reine Tin Hinan, qui seraient antérieurs au IVè siècle et qui montrent ainsi des relations culturelles entre le Maghreb et le Sahara central. Par ailleurs, les auteurs anciens font état à cette période, d’une effervescence des nomades chameliers sur la frange méridionale du limes romains érigés vers les IIè et IIIè siècle de notre ère. Cette effervescence est faite de raides rapides sur le limes et de replis tout aussi rapides sur les montagnes protectrices du Sahara central, voyage favorisé par la sobriété du dromadaire. Mais ce dernier ne s’acclimate pas des reg de l’Ahaggar et dès cet époque, il est vraisemblable que ces dromadaires allaient déjà en cure de jouvence de l’autre côté des montagnes, au sud du Sahara vers des pâturages disponibles, comme ceux de Schouwia Thebaica en Tamesna.

    Leur prestance guerrière fut, au sud du Sahara, mise à l’œuvre pour s’accaparer ces ressources et la rencontre d’avec les artisans soudanais fut sans doute aussi mise à profit pour s’outiller, forgerons, potiers et autres étant déjà présents au sud du Sahara comme à Maranda.

    La poursuite de cette tradition de l’art rupestre se poursuivra jusque vers le XIè siècle, période charnière dans les pouvoirs locaux au sud du Sahara, qui voit se mettre en place le mouvement Almoravide et arriver autour de la boucle du Niger et jusque vers les piémonts de l’Aïr de nouveaux berbères, beaucoup plus islamisés, qui mirent très certainement fin à cette tradition hérétique. D’autres également arrivent par le nord, comme les tribus Ifuraces encore présentent en Tunisie au VIè siècle et qui donnèrent leur nom à l’Adrar malien, sans doute vers XIè siècle puisque dans le siècle précédant, ils ne sont pas mentionnés par Ibn Hawqal parmi les 26 tribus blanches du roi de Tademakka.

    Ces berbères plus islamisés, sont peut être à l’origine de la tradition du héro mythique des Touareg, qui aurait dessiné ces gravures avec son sexe, démodant définitivement cet art.

    La présence berbère au cours de la deuxième moitié du premier millénaire

     

     


    Références

    Dupuy C. 1993 – Une contribution à l’histoire ancienne des Touaregs, Mediterrâneo, (3), p. 11‑29.