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    Kel Gress et Iteseyen

    Les Kel Gress et les Iteseyen sont aujourd’hui groupés dans la région du Gobir au sud de l’Ader. Leur arrivée en ces terres y serait concomitante de leur expulsion ou fuite de l’Ayar, dans la seconde moitié du XVIIIè siècle. Ils n’en demeurent pas moins toujours en étroite relation avec le Sultanat d'Agadez, notamment les Iteseyen qui sont toujours les électeurs du Sultan. Ce fait dénote à lui seul une relation importante avec l’histoire de la construction politique du Sultanat dès les origines au XVè siècle et même antérieurement, puisqu’on peut établir leur arrivée en Aïr vers les XIIè-XIIIè siècles, les Kel Gress étant postérieurs aux Iteseyen en Aïr. Souvent confondues, ces deux entités tribales pourraient avoir des origines occidentales qui proposent un nouveau regard sur cette alliance politique atypique.


    Une origine commune ?

    La plupart des traditions d’origines font venir les Touareg en Aïr par le nord, du Fezzan des Ajjers ou du Hoggar. Iteseyen et Kel Gress n’échappent pas à cette dynamique, bien qu’aucun récit de migration ne soit accessible, et même si trois faits nous interpellent pour proposer une origine plutôt occidentale. D’abord, les Iteseyen (Itecen) sont cités parmi les tribus du roi de Tademekka par Ibn Khaldoun (Baron de Slane 1982 ; Lazarev 2024), et l’on sait également que les Iteseyen sont ceux qui vont aller chercher le Sultan d’Agadez au XVè siècle dans l’Adrar des Ifoghas, c’est à dire chez les populations religieuses de leur lieu d’origine. Parmi les Gress, la tribu des Kel Sattafan rappelle aussi celle du village originel du Sultan d’Agadez, aarem n’ sattafan (le village des noirs). La tribu des Tilkatine également, serait, pour Suzanne Bernus, les Kel Kata d’Ibn Khaldun, comme la plus noble des fractions Sanhadja (Bernus 1972). Cette origine occidentale peut paraître également dans la relation privilégiée avec les Lisawan de l’Ader, qui ne sont autre que les Ilemteyen de l’Adrar, Lamta ayant migré vers l’Aïr à une époque similaire à celle des Messufa.

    Un second fait, archéologique celui-ci, nous incite également à voir dans les constructions de type A relevées par Rennel Rodd et attribuées par les autochtones aux Iteseyen, premiers berbères en Ayar (Rodd 1926), un élément architectural bien identifié, qu’aucune autre population venue du nord ne sera en mesure de reproduire et ayant quelques similitudes d’avec les constructions de Tademekka, même si ce point devra être précisé et confirmé. Barth ayant déjà ramené ce fait des maisons bien construites sur la route du Damergou appartenant aux Iteseyen et Kel Gress (Bernus 1972). Par ailleurs, la vallée des suzerains Iteseyen, les Tessiderak, se trouve non loin de Tadeliza, premier palais des Sultans d’Agadez. Cette construction massive en pierre maçonnée n’a d’ailleurs pas d’équivalent en Aïr, les palais de Anisaman puis Agadez ne sont pas fait avec la même qualité. Il est positionné assez précisément entre Kel Gress à Djikat et les Iteseyen Tessiderak, reflétant bien la volonté de partager ce Sultan. Avant leur sortie de l’Aïr, les Iteseyen auraient séjourné en Ighazer, Marandet ou encore Teleguinit sont cités (Bonte 1970). On ne retrouve quasiment pas de construction de ce type dans la plaine sauf aux pieds des monts In Kakan près d’in Gall, un lieu dit qui se nomme Tizarzet, avec quelques structures barlongues.

    Enfin, les Iteseyen ont en Aïr un amenokal, l’Aghumbulu, ils sont donc bien organisés, tout comme les Messufa en Ighazer qui ont leur Sultan, à une période somme toute assez voisine. Les Kel Gress sont également organisés en Aïr, avec un Ettebel parmi les Tatmakarett. Par ailleurs, leur nom ne viennent pas de lieux éponymes du nord de l’Aïr, comme pour les Kel Ferwan ou Kel Fadey, ni d’une spécificité ethnologique qui leurs seraient attribuées comme pour les Kel Owey. Kel Gress et Iteseyen se sont par ailleurs alliés de tout temps, plutôt qu’avec n’importe quel autre groupe Touareg, parfois même ils sont confondus et les constructions de type A leur sont aussi régulièrement attribuées. La proximité manifeste d’avec les Lisawan déjà évoquée, peut être interprétée comme la résultante d’une origine occidentale commune face aux populations berbères venues du nord, opposition de laquelle naîtra la ville d’Assodé puis celle d’Agadez, siège de l’intrigue politique, mais aussi opposition culturelle exprimée dans le Bianou entre ceux de l’ouest et ceux de l’est. Néanmoins, aujourd’hui en Ader les Kel Gress sont représentés par des Agholla, qui est un système de chefferie plutôt égalitaire à l’instar de ceux des Kel Owey, avec peu de distinctions entre les nobles et les vassaux. Il n’est pas impossible qu’au contact des Kel Owey en Aïr, à force d’assimilation et de métissage des groupes, les Kel Gress aient évolué dans l’administration politique de leur Ettebel qui s’exprime maintenant en Ader et Gober Tudu (Bonte 1970), ceux qui a priori leur a permis de perdurer dans le sud à la différence des Iteseyen et des Lisawan.

    Palmer néanmoins, nous incite à regarder également du côté de l’orient, Iteseyen semble être un dérivé reconnu du titre abyssinien Ethie ou Itie = "altesse" ou "royauté". Les Iteseyen ou Kel Etti aurait donc pu être un clan noble, comme les Tumaghira des Teda et les Maghumi du Bornu (Palmer 1932). Mais on pourrait supposer que ce titre leur fut attribuer par les bornouans les reconnaissant ainsi comme les maîtres de l’Aïr qui paient tribut. Par ailleurs, le nom de la tribu suzeraine des Iteseyen, les Kel Innik, signifie ceux de l’est qui pourrait renforcer cette direction d’origine. Néanmoins, Palmer nous précise également que les Iteseyen et en particulier les Kel Innik possèdent bien mieux que d’autres l’écriture des Tifinagh (Palmer 1932), savoir qu’il serait douteux de faire provenir de l’est. La linguistique pourrait apporter un indice supplémentaire voir déterminant sur la Tamasheq parlée par les Iteseyen entre autres.

    Comme beaucoup de groupe Touareg, une origine légendaire est aussi rapportée avec trois sœurs et une parente qui seraient à l’origine des 4 principaux drum-group des Kel Gress, Tzerezeren, Amigaram, Azuamelem et Tohadjis (Bonte 1970).


    En Aïr

    Dans la montagne, les Iteseyen vont occuper des établissements autour des Monts Bagzan, et habitaient des maisons en pierre bien construites décrites par Rodd. Avec les images satellites nous pouvons identifier précisément ces constructions (Jarry 2022) et confronter leur répartition avec celle des traditions orales rapportées par Bonte (Bonte 1970). Elles coïncident assez bien même si la plus grosse concentration ds bâtiments de type A se situe plus sur la façade ouest de l’Aïr, à l’ouest des Monts Bagzan et Tahouadji. En définitive, les constructions de Type A occupent très clairement l’ensemble du sud de l’Aïr et reflètent aussi bien la toponymie que nous avons relevé à partir de certains noms de tribus Iteseyen. Aoudéras, reconnu comme un centre important des Iteseyen est d’ailleurs une très ancienne palmeraie, autrefois sous la dépendance des Iteseyen qui y auraient planté les palmiers pour acquérir le droit du sol, Il y a donc une fixation des droits de la terre par les dattiers atypique en Aïr (Bernus 1972). Timia fut également contrôlée par les Iteseyen jusqu’à leur départ, ils y auraient aussi planté les premiers palmiers (Ghali 2016), mais le faible nombre de constructions de type A nous dit qu’on est dans la imite septentrionale de leur zone d’influence.

    Les Kel Gress sont cantonnés sur la zone Piémont, à l’ouest de la route Agadez-Iférouane, nous rapporte Rodd (Rodd 1926), qui fait la séparation d’avec les Kel Owey. Ils pénètrent somme toute assez peu l’Aïr si ce ne sont quelques tribus comme les Kel Aguelal, les Kel Garett ou les Amigaram. Tout comme les Iteseyen, ils sont en contact avec les Messufa de l’Ighazer au nord-est de Takadda et assimilent peu à peu les groupes autochtones de l’Aïr, vraisemblablement hausaphones et agriculteurs. Le nord-est de l’Aïr n’est pas pour autant désert, des groupes en provenance du Fezzan et des Ajjers et probablement aussi du Kawar arrivent à peu près à la même époque et vont se structurer pour donner les Kel Owey. Un peu plus tard vers le XVè-XVIè siècle ou peu avant, les Kel Ferwan se structurent dans l’Eghazer d’Iférouane tout au nord de l’Aïr. Kel Ferwan comme Kel Owey se structurent sur place à la différence des Kel Gress, Iteseyen et Messufa qui semblent organisés avant leur venue en Ayar. La ville d’Assodé est peut être le résultat de cette géographie, puisqu’elle va se loger quasiment à la confluence de ces trois entités touarègues, Kel Gress, Kel Owey et Iteseyen, car cette ville ne présente aucune production agricole à proximité et semble donc plus un lieu politique de rencontre entre les populations de l’Aïr. La mosquée y serait une construction des Kel Gress antérieure à celle d’Agadez et possède tous les attributs d’un pouvoir politique, le minaret, la maqsûra et la saillie sud des offrandes.

    Par ailleurs, sous l’influence des Kel Gress et Iteseyen le commerce du sel avec le Kawar se structure également, Ibn Battūta nous rapporte que le commerce de sel est déjà très dynamique avec le Gober au XIVè siècle (Defrémery et Sanguinetti 1858). La puissance économique des Kel Gress et de leurs alliés Iteseyen se renforce alors, grâce au trafic mil-sel, car ils étaient les principaux caravaniers et envoyaient des milliers de chameaux chercher les pains de sel nécessaires au bétail des éleveurs situés plus au Sud (Bonte 1970). Les Kel Gress semblent avoir été en partie sédentaires mais l'élevage transhumant, des vallées occidentales aux grandes plaines qui bordent la montagne, restait l'activité essentielle avec les activités caravanières. Heinrich Barth nous précise qu’un siècle avant son passage, soit 1750, le commerce de sel ne passé pas par l’Aïr (Bernus 1972), donc il n’était potentiellement pas encore détenu par les Kel Owey, la route du sel des Kel Gress étant plus méridionale et sans halte dans les montagnes. L'organisation politique des Kel Gress, par contre, apparaît stable, les groupes détenant l’Ettebel et les tawshit sont en place dès cette époque (Bonte 1976).


    Début du Sultanat

    Jusqu’au XIVè siècle, il est vraisemblable que le sud de l’Aïr est sous dépendance du Kanem-Bornou, même si les Messufa de l’Ighazer rayonnent aussi jusqu’à la vallée de Beurkot. La fin des bornouans en Aïr est retracée dans les traditions orales, par le siège des monts Bagzan où les Iteseyen sont retranchés après ne pas avoir payé leur tribu annuel au Bornou. Ils envoient alors une chamelle gavée de mil et de datte pour montrer aux assiégeurs qu’il ne risquent pas de descendre de sitôt étant bien pourvus en vivres et eau. Les bornouans, affamés, abandonnent le siège et sont pourchassés par les Kel Aïr qui prirent ainsi la main sur le commerce du sel du Kawar.

    C’est peut être cette victoire qui incita les Iteseyen et 5 de leurs tribus à aller chercher un Sultan en dehors du territoire de l’Ayar, pour ne pas privilégier une tribu sur une autre et amener la paix toujours gage d’un commerce prolifique. Ils introniseront les Sultan, même si chaque confédération aura à un moment du processus une validation à apporter, comme par exemple les Kel Owey qui autorisent le Sultan à s’asseoir en tailleur sur la natte pour acquiescer cette intronisation. Malheureusement, la mise en place du processus global d’intronisation n’est pas vraiment connu et les recherches manquent sur ce point, elles permettraient assurément de connaître mieux les relations politiques entre confédérations.

    Le Sultan serait ainsi intronisé par les Iteseyen et les tribus du privilège que sont les Lisawan (Ilemteyen), les Balkorey (Iberkoreyan), les Imiskikin, les Inousoufanes ou Messufa, tous seraient venus de l’ouest, tout comme les Iteseyen, même si la réécriture des chroniques d’Agadez et la destruction des archives du Sultanat à la débâcle de Krip-Krip (1830) n’aide évidemment pas à y voir très clair dans l’historicité des poids politiques des uns et des autres. Par ailleurs, on assiste alors à un déplacement du siège du pouvoir politique de Assodé vers Agadez. On n’est plus à la confluence de trois confédérations mais aux confins de deux entités berbères, celle des gens venus de l’ouest et celle de ceux venus du nord-est pouvant ce refléter, comme dit plus haut, dans la grande fête du Bianou qui se déroule à Agadez et In Gall.


    Éviction de l’Ayar ?

    La coexistence avec les Kel Owey ne sera pas des plus facile. Ils arrivent de manière dispersés et mettent un système original de chefferie autour des Aghola, qui est un système assez égalitaire entre toutes les tribus. Les autochtones de l’Aïr vont préférer ce système et les Kel Owey revendiquent sans cesse le ralliement des groupes Imghad et Eklan des Kel Gress et Iteseyen. C’est la raison principale notée par les traditions, des querelles quant aux sorts réservés aux esclaves. Les esclaves des Iteseyen et Kel Gress demandèrent en effet protection aux Kel Owey qui les accueillirent (Jean (Lieutenant) 1909 ; Gagnol 2009). Parallèlement, les Kel Owey prennent la main aussi sur le commerce du sel, ce sont également de grands caravaniers. Ils réduiront ainsi peu à peu les terrains de parcours des Kel Gress et Iteseyen en Aïr.

    Cette éviction ou fuite se fait à la suite de l’assassinat d’un Sultan qui leur a manqué de respect dans la seconde moitié du XVIIIè siècle (Bonte 1970). Pourtant, vers 1770 toutes les tribus de l’Aïr s’allient pour aller vaincre le Gobir, les Iteseyen et Kel Gress vont ainsi aller s’installer dans le Gober Tudu et l’Ader. Cette entente cordiale entre les Kel Aïr étaient-elles une négociation, une stratégie délibérée pour apaiser les tensions en Aïr. Cette stratégie de conquête pour redéployer des tribus a déjà pu fonctionner lors de la conquête de l’Ader. Dans les deux cas le territoire conquit était déjà bien connu des futurs maîtres qui, pour les Kel Gress, y convoyés déjà le sel du Kawar. L'installation des Kel Gress dans leur nouveau territoire s’effectua de 1750 à 1800 et se fit sans heurts véritables avec les agriculteurs autochtones. Les Touareg s’établirent dans une zone frontière peu peuplée, située entre l'Ader, dominé depuis un siècle par la famille du Sultan d'Agadez et le Gober hausaphone et animiste défait par les Touareg de l’Aïr.

    La seconde moitié du XIXè siècle verra l’affrontement des Ouelleminden et des Kel Gress pour la domination de l’Ader, jusqu’à l’arrivée des français. Les Kel Gress entreront rapidement en dissidence, mais se rallieront aux Français pendant la période des révoltes pour participer à l’élimination des Imajeghen Ouelleminden en Ader. Arrivés pauvres et démunis au début du XIXè siècle entre Ader et Gober Tudu, les Kel Gress sont bien installés à la fin de ce même siècle et rayonnent sur l’Ader.


    Composition des Ettebel

    Les Tableaux ci-dessous reproduisent les données de Bonte (Bonte 1970).

    Pour les Iteseyen, on peut constater une grande dispersion des tribus entre Ader, Nigéria, Damergou et Aïr, reflétant une unité politique en déliquescence ? Y a t-il encore un Aghumbulu ? Il y avait d’ailleurs beaucoup plus de tribus avant. Les tribus des Itesey possèdent pour la plupart un nom d’origine que l’on trouve autour de la vallée d’Aoudéras reflétant bien le positionnement central de ce groupe, alors que les noms mêmes des drum-group ne sont pas rattachés à la toponymie de l’Aïr.

    Les tribus de souche Iteseyenimplantation actuelle
    Iteseyen  
    Tessiderak, nom des collines au nord d'Aoudéras Tambey
    Kel Tagey, ceux des palmiers, les vallées de ce nom sont nombreuses en Aïr surtout nord Aoudéras Tambey
    Kel Alagane, ceux des larmes Tambey
    Talamses, Kel Mafincit, Kel Dogam, Kel Amarkes, Kel Wangara, Alifass, Kel Iche, Immalahsen dissout
    Idjanarnin, une des tribus originelles selon Muhamed Bello
    Tambey
    Ifadalan, ancienne tribu de l'Aïr, rattachée à l'Anastafidet  Damergou
    Izagaran
     Aïr et Damergou
    Immiqaoran, quelques familles nobles dans la région d'Aguelal, ratachés au Sultan d'Agadez Aguelal
    Ibarazagan,  Kel Tefis, Kel Ader (forment l'essentiel des Lisawan), Kel Sedawet  
    Innusufan, Iberkoreyan, Icherifen Damergou
    Kel Zilalet  
    Immikitan, Kel Tiggirt, Kel Aggatan, Kel Asatartar, Kel Tadnek, Kel Mawen, Kel Abazawar, Kel Uwunzut, Kel Timia
    En Aïr central ou au Damergou
    Izarzaren Damergou
    Ibazawan Azawagh
    Kel Tesemt  

    Pour les Kel Gress nous avons retrouvé un certain nombre de lieux pouvant correspondre au lieu d'origine de ces tribus. Cette toponymie se concentre très clairement au nord-ouest de l'Aïr et surtout à l'ouest d'Assodé et de la route Iférouane-Aoudéras. Les Kel Gress occupaient ainsi toutes les grandes vallées qui débouchent sur le Talak et l’Ighazer. La plus méridionale de ces vallées étant celle de Tchirozérine, en avale de laquelle on trouve la mosquée de Djikat/Jiket qui fut construite par les Kel Gress. Kel Gress signifierait ceux des vallées marquant une sédentarité prononcée en Aïr avec le développement de jardins et de palmeraies. Dans la zone Kel Owey, on trouve une toponymie de tribu pour les Azumellen qui peut être très ancienne et marquant pour le moment une limite oriental à la géographie des Kel Gress. Ils sont composés de 4 drum-group, qui porte le tambour de guerre, auquel est ajouté des tribus plus récentes autour des Alwaliten, même s’il est possible que certaines tribus est aussi un tambour de guerre. L’organisation tribale se décline ainsi : Confédération des Kel Gress composée de 4 drum-groups chacun ayant ses tribus rattachées.

    Les religieux, Inesloumen, Icheriffen et Zourmouni ont une organisation spécifique chez les Kel Gress. Ils sont groupés autour d’un personnage central, le Icher, choisit parmi la tribu des Ineslemen qui est aussi celui de tous les Kel Gress. Les groupes maraboutiques sont réunis au drum-group de Tatmakaret. Ils se disent d’origine arabe et se sont installés dans la vallée d’Agalangha puis dans celle de Djikat qui devient alors leur lieu Saint où tous les Icher sont inhumés. Ils sont parmi les premiers groupes à quitter l’Aïr, les chroniques d’Agadès rapportant une bataille en 1711 sans plus de précision.

    Les tribus Kel Gress
    Tatmakaret : Kel Tserezeren, Angoua, Tagana, Tache, Kel Azar, Inouslemen, Zourmouni, Kel Talaglag, Kel Assatafane, Icherifen
    Kel Ounouar : Azumellen, Gurfawitan, Kel Agelal, Alwaliten, Kel Egueff
    Amigaram : Amigaram, Zourbatan, Issobak, Arouaki, Tafarkass, Tanzan, Ifferankawan
    Tohadjis : Ighayawan, Kel Grett, Tchiakkar, Kel Kateni, Tadada, Kel Antedeni
    Alwaliten : Alwaliten, Kel Egueff

     


    Références

    Baron de Slane 1982 – Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrional (Ibn Khaldoum), Libr. Orientaliste Paul Geuthner, 2, 628 p.
    Bernus S. 1972 – Henri Barth chez les Touaregs de l’Aïr, Études nigériennes, Niamey, Centre nigérien de recherche en sciences humaines, 195 p.
    Bonte P. 1970 – Dynamique des relations entre populations nomades et sédentaires : les Kel Gress, Touareg du Niger, Collection IDERIC, 2 (1), p. 73‑85.
    Bonte P. 1970 – Production et échanges chez les Touareg Kel Gress du Niger, , S. l., S. l., s. n., inédit, 398 p.
    Bonte P. 1976 – Structure de classe et structures sociales chez les Kel Gress, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 21 (1), p. 141‑162.
    Defrémery, Sanguinetti 1858 – Ibn Battuta, Le voyage au Soudan, Société asiatique, , 376‑449 p.
    Gagnol L. 2009 – Pour une géographie nomade. Perspectives anthropogéographiques à partir de l’expérience des Touaregs Kel Ewey (Aïr – Niger), , Université de Grenoble I, inédit, 723 p.
    Ghali A. 2016 – Etude de la problématique oasienne au Niger, Almadeina, 55 p.
    Jarry L. 2022 – Les Sites contemporains à Assodé, https://www.ingall-niger.org/avant-hier/atlas-archeologique/les-structures-dhabitat/28-les-sites-contemporains-assode consulté le 19 juillet 2024.
    Jean (Lieutenant) C. 1909 – Les Touareg du Sud-Est : l’Aïr ; leur rôle dans la politique saharienne, Larose Editions, 361 p.
    Lazarev G. 2024 – Les Sanhaja du Maghreb Al Aqsa: dDe longues mouvances identifiées par leurs empreintes ethno-toponymiques.
    Palmer H.R. 1932 – The Tuareg of the Sahara I, African Affairs, XXXI (CXXIII), p. 153‑166.
    Palmer H.R. 1932 – The Tuareg of the Sahara II et III, African Affairs, XXXI (CXXIV), p. 293‑308.
    Rodd F.R. 1926 – People of the veil, Macmillan and Co, 475 p.