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    Les communautés

    La plaine de l'Ighazer rassemble des communautés venues des quatre points cardinaux ... mêlées aux autochtones, des influences berbères, songhay, arabes, hausa et peul.

    Les Kel Gress et les Iteseyen sont aujourd’hui groupés dans la région du Gobir au sud de l’Ader. Leur arrivée en ces terres y serait concomitante de leur expulsion ou fuite de l’Ayar, dans la seconde moitié du XVIIIè siècle. Ils n’en demeurent pas moins toujours en étroite relation avec le Sultanat d'Agadez, notamment les Iteseyen qui sont toujours les électeurs du Sultan. Ce fait dénote à lui seul une relation importante avec l’histoire de la construction politique du Sultanat dès les origines au XVè siècle et même antérieurement, puisqu’on peut établir leur arrivée en Aïr vers les XIIè-XIIIè siècles, les Kel Gress étant postérieurs aux Iteseyen en Aïr. Souvent confondues, ces deux entités tribales pourraient avoir des origines occidentales qui proposent un nouveau regard sur cette alliance politique atypique.

    Les Berbères Iberkoreyan ont commencé à se déplacer vers le sud au VIIIè siècle et, vers le Xè siècle, des caravanes commerciales à longue distance passant par l'État Soninké du Ghana ont répandu l'influence de l'islam dans l'ouest du Soudan (Vidal Castro 2007). Les Iberkoreyan font partis de ces populations Ineslemen de l’Ighazer et de l’Azawagh, mais plus largement de toute la bande sahélo-saharienne, qui ont très probablement cheminé depuis le Maghreb occidental vers la boucle du Niger et de l’Adrar des Ifoghas vers les piémonts de l’Aïr, à une période d’émergence des grands empires Soudanais comme le Ghana et le Songhay. Ce cheminement a pu être antérieur à l’islam, mais n’a pour l’heure pas laissé de trace dans les mémoires et écrits.

    La dynamique de mise en place des communautés peuplant actuellement l'Ighazer, se construit à partir du VIIè-VIIIè siècle. Elles sont pour l'essentiel nomades, venues de l'ouest et du nord-est sous l'impulsion des conquêtes arabes au Maghreb puis de l'invasion des Banu Hilal vers le XIème siècle. La particularité de l'Ighazer en ces contrées sahéliennes, est bien d'avoir encore un habitat sédentaire vieux de 500 ans, avec Agadez la capitale du Sultanat de l'Ayar mais aussi les bourgades d'In Gall et Tegidda n'Tesemt. Ces derniers sont des Isawaghen qui possèdent un langage propre, mélange de Songhay, Tamasheq et Arabe.


    Les Igdalen seraient présents dans l'Ighazer depuis la fin du VIIIè siècle ou le début du IXè siècle, et sont considérés comme les Berbères les plus anciennement installés dans l'Ighazer. Ils sont Isheriffen et appartiennent aux Kel Aïr sous l'autorité directe du Sultan d'Agadez. Ce sont des populations nomades d'origine Berbère, dont les us et coutumes sont similaires à celles des Kel Tamasheq, mais ils gardent entre eux un parlé spécifique à base Songhay, la Tagdal, proche de la Tasawaq des sédentaires d'In Gall. Ce sont des gens pacifiques, pieux, qui ne portent pas les armes et se mettent le plus souvent sous la protection de tribus Imajeren ou Imghad pour les défendre.

    L’histoire orale d’In Gall est diversement relatée selon les personnes qui la présente et leurs origines. Entre des récits rapportant que les Isawaghen sont les descendants d’Askia Mohamed, que la fondation d'In Gall échoie à des Isheriffen ou les relatons étroites avec Takedda et Tegidda n'Tessoumt, les données archéologiques viennent compléter ces traditions orales pour aboutir à une structuration des Kel In Gall qui ressemble fort à celle des confédérations Touareg malgré leur sédentarité, c'est à dire un agencement de divers groupes humains au grès des vissicitudes de l'histoire. On peut alors parler de Kel In Gall.

    Les Kel Fadey appartiennent à la confédération des Kel Aïr, et se trouvent donc sous l'autorité du Sultanat d'Agadez. Ils nomadisent au sud-ouest des falaises de Tiguidit et remontent jusque vers Teguidda n'Tesemt et Fagoshia dans l'Ighazer. A l'ouest de leur territoire d'attache, c'est la confédération des Ouelleminden Kel Dinnik, et à l'est les Kel Aïr, dont les Kel Ferwan sont le bras armé. Kel Aïr et Kel Dinnik se sont de tout temps disputés la vassalité des tribus Kel Fadey, et l'histoire des Kel Fadey relate les actes brillants de ses tribus et héros légendaires, tantôt contre les Ouelleminden, tantôt contre les Kel Ferwan.

    L'origine du groupement des Kel Ferwan prend sa source près du village d'Iférouane, au nord des montagnes de l’Aïr, dans la vallée d'Aghazer, située à l’est de celle de Tin Taghodé, où une grande quantité de mil est récoltée et où l’on trouve de nombreux dattiers (Barth 1863). Ce ne serait que récemment, aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, qu’ils se seraient déplacés autour de la capitale du sultanat de l'Ayar, devenant ainsi le bâton d’un sultan sans armée. Dans certaines sources écrites, on trouve le nom de Kel Aghazer pour les désigner, le nom de Kel Ferwan leur ayant été attribué plus tardivement par les colons français, « ceux d’Iférouane », qui prit son origine de Tanasfarouat, celle d’Iférouane, autre dénomination de la reine originelle des Kel Ferwan.

    « Essayer de penser les Bororos sans les zébus Bororoji serait trahir leur légende », disait Marguerite Dupire. Ce sont les seuls à posséder cette espèce de zébus, Bos indicus, à cornes en forme de lyre (Dupire 1962). Éleveurs légendaires de la bande sahélienne, les Peuls sont régulièrement ballottés par la géopolitique, leur esprit guerrier leur ayant également permis de fonder des États puissants. Les éleveurs peuls, chassés des régions agricoles méridionales en raison de la pression démographique et du développement des cultures intensives, pénètrent dans la zone pastorale jusqu'à la lisière du Sahara, occupée par les Touaregs et les Arabes (Bernus 1974). Au Niger, les Bororos, éleveurs de la race Bororoji, sont essentiellement des Wodaabé nomades.