Hier
Aux confins de l'Aïr et de l'Ighazer ... un carrefour de l'histoire des hommes voilés.
En reprenant les cartes établies dans divers travaux de recherche des 40 dernières années à travers leur géo-référencement sur les images satellites actuelles, on constate que les sites archéologiques médiévaux de l’Aïr et de l’Ighazer sont tous sous pression anthropique et/ou environnementale et pour certains, la fin de toutes études scientifiques ultérieures est très proche. Bien entendu, la richesse minière de la zone (uranium, cuivre, étain, pierres semi-précieuses, etc.) et la situation géopolitique au sahel n’égaye pas le tableau qui est ici proposé, synthétisant les impacts et potentialités des 4 sites étudiés, Maranda, Takedda, Anisaman et Assodé.
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Les causes climatiques mais aussi peut être l'insécurité résultant de la mise en place de nouvelles populations, le développement du commerce transsaharien, vont pousser peu à peu les métallurgistes du cuivre et du fer de la fin du néolithique à regrouper, au moins temporairement leur habitat dispersé et nomade, au profit du premier véritable centre urbain de l'Ighazer, Maranda. Ce sera le point de convergence des savoirs et savoir-faire de l'Ighazer, à l’aube de l’islam, à l’aube du commerce transsaharien. Ce mélange des genres amènera au cours du premier millénaire de nouvelles céramiques avec des décorations typiques, et surtout une augmentation de la production du cuivre, dont Maranda sera un centre d'affinage et de transformation. Des milliers de petits creusets se retrouvent sur le site, le cuivre provenant de la plaine de l'Ighazer, mais aussi du commerce transsaharien, probablement grâce à un savoir-faire particulier.
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Avant les migrations berbères en Ayar, le massif de l’Aïr ou Abzin et ses environs était occupé par des populations noires qui furent peu à peu refoulées ou assimilées (Bernus et al. 1986). L’ensemble des traditions orales, des émigrés comme des immigrés, correspondent pour en faire des populations hausaphones. Cet article tente de retrouver une partie de ces populations de l’Ayar qui aujourd’hui occupent l’Ader entre Tahoua et Madaoua et d’en définir leurs principales caractéristiques pour tenter d’en reconstituer le positionnement tant géographique que culturel et politique en Ayar.
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La phase finale de l’art rupestre au sud du Sahara est dénommée « cameline », et se distingue par des gravures et peintures qui sont situées près de puits et le plus souvent sur des parois bien en vues. Les personnages, de dimensions importantes, sont traités sur un plan frontal et vêtus d’un habillement nouveaux dans l’art rupestre saharien, fait d’habits amples et bien couvrants. Ils sont aussi souvent armés de plusieurs javelots, montent des chevaux et dromadaires à silhouette levrettée et s‘adonnent à la chasse à courre aux autruches, antilopes et girafes (Dupuy 1993).
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Les Sanhadja sont un ensemble de tribus berbères, hommes voilés du désert, dont certains Touareg sont les descendants les plus directs. Ils occupèrent le Sahara occidental et, à l'apogée des Almoravides, occupent le Maroc et l'Espagne El Andalus (Khelifa 2010).
Les Messufa sont des tribus sanhadjiennes qui détiennent dès le VIè siècle les voies commerciales entre le Maroc et le Soudan, de Sidjilmassa à Aoudaghost (Hamani 1989 ; Khelifa 2010), mais leur zone d'influence va s'étendre à l'est jusque vers le piémont de l'Aïr en fondant le royaume de Tigidda au début du second millénaire. Ils sont, sinon les fondateurs, les occupants qui ont permis le développement des villes sahéliennes telle Aoudaghost et Oualata (Mauritanie), Tombouctou et Tademekka (Mali), Takadda (Niger), en étant à la fois les guides et les protecteurs des caravanes marchandes transsahariennes (Defrémery et Sanguinetti 1858), et formant aussi une garde rapprochée pour les rois du Mali. Les Inussufan d'Agadez et d'In Gall seraient les descendants directs des Messufa en Ighazer qui dirigèrent le royaume de Tigidda autour de la capitale Takadda du XIIè jusqu’au début du XVIè. Même si elle ne fut pas climatiquement homogène, cette période était plutôt humide et favorisa une végétation arborée (Bernus et Cressier 1992).
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Azelik-Takedda fut une importante cité commerciale, située à environ 130 km au nord ouest d'Agadez. En surface se rencontrent nombre de tessons de poteries et autres meules dormantes, mais le plus important sur ce site, demeure certainement les restes d'habitat composés de “bâtiments ouvrant sur une seule cour” et trois mosquées, dont deux possédant un minaret en partie en pierre. De plus, des cimetières d'époque islamique ont également été retrouvés tout autour du site (Bernus and Cressier 2011).
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Dans cet article, je m’intéresse aux Gobirawa qui, à une époque, ont passé par l’Ayar1. Il serait vain de croire que cette communauté n’ait qu’une seule origine. Comme beaucoup de confédérations Berbère, Touareg ou même Hausa, les Gobirawa que l’on connaît aujourd’hui en tant que peuple du Hausa Bakwaï (les sept premiers États Hausa), sont le résultat de migrations qui pour certaines viennent de l’est, du nord, de l’ouest et sans doute du sud. La diversité des traditions orales ou des écrits, des cousinages ou des us, ne reflètent en fait que les alliances qui se sont faites et défaites, de grès ou de forces, tout au long de leur histoire, par métissages successifs entre populations désireuses ou obligés de s’unir pour poursuivre leur histoire.
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Cet article tente de comprendre les éléments que rapporte Ibn Battûta de son périple en Ighazer, afin de participer à la vision du cadre géographique et humain qu’apporte son récit à cette région, issu des traductions faites par Defrémery et Sanguinetti au milieu du XIXè et de celle de Joseph Cuoq à la fin du XXè siècle (Defrémery and Sanguinetti 1858; Cuoq 1975). Il est donc à l’évidence ethno-géo-centré sur la ville de Tacaddâ et sa région. Néanmoins pour comprendre ce cadre géographique, les sources écrites arabes médiévales apporteront un peu plus de consistance à ce récit. Ces sources sont essentiellement issues du « Recueil des sources arabes concernant l’Afrique occidentale du VIIIè au XVIè siècle » de Joseph Cuoq.
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A partir du XVè siècle s’instaure un fort mouvement de lettrés et religieux venus de l’ouest, des Sanhadja de Walata et de Tademekka. Ces personnages professent un islam plus rigoriste et puritain, dont Al Maghili en est un représentant qui passa par Takadda, devenu dès le XIVè siècle un important centre de diffusion spirituel. A la chute de Takadda, Anisaman va prendre le relais mais uniquement sur plan religieux, Agadez prenant le relais sur les plans politique et économique (Bernus et Cressier 1992), puis évinçant définitivement Anisaman au début du XVIIè siècle.
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en cours de réécriture
L'Aïr ou Ayar correspond au massif montagneux, mais on dénomme ainsi plus communément les montagnes et sa zone d'épanchement des eaux des pluies, l'Ighazer. Ainsi le Sultanat de l'Ayar s'étend sur ces deux entités géographiques fort distinctes. Historiquement l'Ighazer est le lieu de passage des grandes caravanes qui courent l'Egypte, en faisant un centre économique important dès le VIè siècle, avec le royaume de Maranda puis celui de Tigidda. Les migrations Touarègues, jusque là venus de l'ouest, vont désormais venir de l'est ou du nord est et recentrer le pouvoir politique et économique sur la zone montagneuse avec la création du Sultanat.
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L’origine des Peul débattue à travers le XXè siècle, semble un long combat entre hypothèses toutes mieux disantes. L’un des premiers à se lancer, fut l’aventurier Henri Lhote dès 1958, qui fit un parallèle avec les gravures et peintures rupestres du Tassili n’Ajjer, y décelant des individus ayant certains traits peuls, à vrai dire surtout vestimentaires et liés au bestiaire entourant ces personnages, bœufs et grande faune d’Afrique. Mais dès le XIXè siècle le phénotype particulier des Peul intrigua fortement les classificateurs, incapables de ranger cette population dans un de leur tiroir, et les origines farfelues se multiplièrent.
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L'origine du groupement des Kel Ferwan prend sa source près du village d'Iférouane au nord des montages de l'Aïr. Ce ne serait que récemment, XVIIè ou XVIIIè siècle qu'ils se seraient déplacés autour de la capitale du Sultanat de l'Aïr, devenant ainsi le bras armé d’un Sultan sans armée.
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Les Kel Fadey appartiennent à la confédération des Kel Aïr, et se trouvent donc sous l'autorité du Sultanat d'Agadez. Ils nomadisent au sud-ouest des falaises de Tiguidit et remontent jusque vers Teguidda n'Tesemt et Fagoshia dans l'Ighazer. A l'ouest de leur territoire d'attache, c'est la confédération des Ouelleminden Kel Dinnik, et à l'est les Kel Aïr, dont les Kel Ferwan sont le bras armé. Kel Aïr et Kel Dinnik se sont de tout temps disputés la vassalité des tribus Kel Fadey, et l'histoire des Kel Fadey relate les actes brillants de ses tribus et héros légendaires, tantôt contre les Ouelleminden, tantôt contre les Kel Ferwan.
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L’histoire orale d’Ingall est diversement relatée selon les personnes qui la présente et leurs origines. Entre des récits rapportant que les Isawaghen sont les descendants d’Askia Mohamed, que la fondation d'In Gall échoie à des Isheriffen ou les relatons étroites avec Takedda et Tegidda n'Tessoumt, les données archéologiques viennent compléter ces traditions orales pour aboutir à une structuration des Kel In Gall qui ressemble fort à celle des confédérations Touareg malgré leur sédentarité, c'est à dire un agencement de divers groupes humains au grès des vissicitudes de l'histoire. On peut alors parler de Kel In Gall.
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Les Igdalen seraient présents dans l'Ighazer depuis la fin du VIIIè siècle ou le début du IXè siècle, et sont considérés comme les Berbères les plus anciennement installés dans l'Ighazer. Ils appartiennent aux Kel Aïr sous l'autorité directe du Sultan d'Agadez. Ce sont des populations nomades d'origine Berbère, dont les us et coutumes sont similaires à celles des Kel Tamasheq, mais ils gardent entre eux un parlé spécifique à base Songhay, la Tagdal, proche de la Tasawaq des sédentaires d'In Gall. Ce sont des gens pacifiques, pieux, qui ne portent pas les armes et se mettent le plus souvent sous la protection de tribus Imajeren ou Imrad pour les défendre.
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La dynamique de mise en place des communautés peuplant actuellement l'Ighazer, se construit à partir du VIIè-VIIIè siècle. Elles sont pour l'essentiel nomades, venues de l'ouest et du nord-est sous l'impulsion des conquêtes arabes au Maghreb puis de l'invasion des Banu Hilal vers le XIème siècle. La particularité de l'Ighazer en ces contrées sahéliennes, est bien d'avoir encore un habitat sédentaire vieux de 500 ans, avec Agadez la capitale du Sultanat de l'Ayar mais aussi les bourgades d'In Gall et Tegidda n'Tesemt. Ces derniers sont des Isawaghen qui possèdent un langage propre, mélange de Songhay, Tamasheq et Arabe.
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Les Iberkoreyan sont des berbères maraboutiques ou ineslemen, ce sont donc des lettrés, ils lisent et écrivent la langue du prophète. D’ailleurs, les trois principales composantes de ce groupe ont leurs marques de propriété, apposées sur les animaux mais aussi les objets du quotidien, qui forment le nom de Mohamed, M-HD-D, Ayttawari (mim), Isherifen (taghamimt), Kel Eghlal (dal) (Bernus 1996).
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Au début du XXè siècle, le chemin de fer était l'outil moderne du développement commercial et devait être le parachèvement de la colonisation africaine. Ainsi on ne pouvait pas "développer nos colonies" sans un mode de transport moderne pour les hommes et surtout les marchandises. Nombre d'ingénieurs et de politiciens se sont donc encouragés mutuellement à mettre en œuvre une voie ferrée traversant l'Afrique et en particulier le Sahara, terre de conquête des français. Mais à force de tergiversations, seuls des tronçons de-ci de-là furent construits, comme si le souvenir de la mission Flatters, décimée en 1881 dans le sud Algérien, le laissa à jamais à quai.en, le laissa à jamais à quai.
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Après la première guerre mondiale, les armées françaises d'Afrique développent avec des industriels des véhicules pour mieux circuler dans le désert. Se passe alors dans les années 20 une course entre ces constructeurs, Renault avec une voiture 6 roues, Citroën et sa voiture à chenille, Berliet pour les camions, etc. Ils possèdaient chacun leurs pilotes pour ouvrir un maximum de voies de ciculation en un minimum de temps. Point d'orgue de cette frénésie du désert le premier rallye partant de l'Algérie devant rejoindre Gao au Mali puis retour au point de départ en 1935.
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Le premier explorateur à fouler le sol d'Aïr est Henrich Barth en 1853. Lors de son "excursion à Agadez", il en décrira l'Emghedeshie, langue à base Songhaï intégrant un vocable Tamasheq et Arabe, et précisera pour ce qui concerne la plaine de l'Ighazer l'implantation des villages d'In Gall et de Tegidda (Barth 1863), qu'il confond d’ailleurs avec la Takadda d'Ibn Battûta. En 1876, Erwin de Bary pénétra aussi l'Aïr mais ne put jamais le traverser entièrement, il décédera à Ghât peu avant une deuxième tentative. Plus tard en 1870, Nachtigal descendit de Mourzouk pour se rendre au Tchad, en passant par Bilma et N’Guigmi. Enfin, plus au sud de l’Ayar en 1891-1892, le Lieutenant-Colonel Monteil traversa le Niger à Say, alla jusqu’à Bilma par Sokoto, Kano, N’Guigmi, rentrant ensuite en France par Mourzouk et Tripoli (Commissariat de l’AOF 1922).
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Le poste d'In Gall est installé en 1904-5, il fut vite déserté. La construction du fort commença en 1917 après la révolte de Kaocen maîtrisée par les coloniaux, il servit ainsi de fort militaire jusqu'en 1941, mais fut en fait déserté en 1927 et servant uniquement de campement pour les sections méharistes de passage. De passage en 1934, Monsieur Lafaix, instituteur de retour en France avec sa famille, notera que le fort est à l'abandon et tombe en ruine. Avec une économie qui se relance, il devient école coloniale, puis transformé en école publique à l'indépendance en 1960. Il fut abandonné vers 1976 et sert de "vague" Musée du dinosaure, qui de part l'insécurité chronique, le manque de financement, malgré les richesses archéologiques et uranifères de la région, n'a aucune renomée.
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