Plusieurs strates composent la végétation des jardins, la strate arborée où le palmier dattier domine, parfois avec le Gao (Acacia albida), la strate arbustive composée de fruitiers et d'arbustes de brousse, enfin la strate herbacée composée notamment de rudérales. Dans ces différentes strates les plantes potagères trouvent leur place et le jardin s'organise autour de la gestion de l'eau.
A ce niveau, nous listons les espèces que nous rencontrons plus communément dans les jardins mais que l'on peut retrouver aussi en brousse. Une table récapitulative des espèces est proposée dans la Florule d'In Gall. Nous tentons également d'en donner les principaux usages.
La strate Arborée
Elle est ensentiellement constituée du Palmier dattier mais l'on peut, çà et là, trouver quelques Gao (Acacia albida) d'une taille très impressionnante, quelques Neem aussi (Azadirachta indica). Des Tamyyo (Tamarix gallica) sont également présents, ils jouent leur rôle de fixateur de dunes mais ne sont pas très abondants.
On rencontre bien entendu quelques Acacia dont le Tiggaert (Acacia nilotica), mais aussi Afagag (Acacia raddiana) qui peut avoir une taille arborée que l'on ne trouve pas en brousse. Enfin l'arbre des dieux, le Jujubier (Ziziphus spina-christi).
Un seul Baobab (Adansonia digitata) a été recensé dans la palmeraie d'In Gall, planté en 2003, sa ''sauce feuille'' est aussi très appréciée.
Si tous ces arbres ont chacun des avantages dans les milieux semi-désertiques (fruit, engrais, fixateur, etc.), les populations ne les cultivent pas et les exploite plutôt avec parcimonie. Malheureusement des années de soudures difficiles peuvent mettre à mal ces ressources fragiles et clairesemées.
La strate arbustive
Le Samia (Prosopis jubiflora) domine cette strate. Importé dans les années 80, il en devient envahissant. Sa forte capacité à s'accaparer l'eau élimine les autres espèces arbustives comme les acacias, il devient un fléau difficile à endiguer autrement que par des coupes sévères et régulières. Les branches de cet épineux servent à la confection des haies des jardins. Les ânes et chèvres ont une très bonne appétence pour son fruit, mais en grande quantité il peut causer des indigestions. La graine ne se dégrade pas dans la digestion des ruminants et se propage ainsi le long de voies de cheminements des animaux.
Le Tirza (Calotropis procera) est aussi bien présent dans les jardns avec des formes beaucoup plus grandes qu'en brousse. On le taille une fois grand, ce qui permet d'en faire des piquets de hangars qui supportent des nattes d'Afazo (Panicum turgidum). Les hangars sont dans toutes les concessions, dedans, devant, ils sont le siège du traditionnel thé.
Farka n'fu, littéralement le "pêt de l'âne" (Ricinus communis), cette plante, d'aucune utilité à In Gall, est présente essentiellement dans les haies vives qui se sont constituées naturellement.
Une légumineuse Aebizgin (Salvadora persica), on récupère la litière qui est en dessous de l'arbuste, réputée pour apporter engrais au sol.
Les fruitiers sont peu présents à In Gall, mais l'on trouve tout de même des Citronniers (Citrus sp.), des Grenadiers (Punica granatum), quelques rares Goyaviers. Les techniques de boutures sont très peu utilisées, et le greffage quasi inconnu.
La strate herbacée
La plus connue des herbes est sans doute le cram-cram (Cenchurs biflorus), très commune également en brousse. Le voyageur s'en souvient depuis la nuit des temps, ces petits fruits s'accrochent partout sur les vêtements et sont très piquants. On trouve également divers Pennisetum et Aristida.
L'Afazo (Panicum turgidum) qui sert notamment à la fabrication des grandes nattes qui couvrent les hangars près des maisons et boutiques. En saison des pluies les jeunes pousses vertes servent aussi d'herbage.
Cette strate comporte également plusieurs plantes à fleurs comme Sesamum alatum et Portulacca oleracea.
Les plantes potagères
Le maraîchage en Aïr et en Ighazer s'est développé à la faveur de la colonisation, les colons consommant des légumes très peu présents dans l'alimentation locale. A l'indépendance du Niger, l'arrivée des fonctionnaires nigériens poursuivit ce développement. A In Gall ce mouvement est sans doute plus tardif, début du XXè siécle, avec l'installation des premiers tirailleurs en 1907.
Tomate, salade, carotte, chou pommé, betterave, oignon, concombre, courge, melon et piment sont les principales cultures que l'on trouve dans les jardins, plus rarement on trouve des petit pois, aubergine, haricot vert, pomme de terre au grè de la disponibilité en semences presque toujours importées ...
Les céréales ne sont quasiement pas plantées à In Gall, sauf le maïs dans les rigoles d'irriguation. Il sera consommé le plus souvent grillé, régalant les enfants.
On trouve aussi des plantes tropicales, comme le Gombo (Abelmoschus esculentus), la patate douce, le bissap (Hibiscus saddarifa) dont la feuille sert pour la sauce Malohyia, le Moringa revigorant et énergétisant très apprécié des femmes, surtout pour celles qui viennent d'accoucher.
Les techniques du jardin
La Daba est l'outil principal du jardinier : c'est avec elle que l'on "casse" la terre pour former les abatols où l'on plantera les légumes. Toutes les abatols sont irriguées par des canaux depuis le puits. Généralement, un bac qui sert de réservoir est construit en ciment près du puits ; il est rempli par les animaux d'exhaure avant d'irriguer les parcelles. L'âne est le seul animal d'exhaure à In Gall, il en faut 5 pour 2 000 m² de maraîchage. De plus en plus de motopompes sont utilisées dans les jardins d'In Gall, ce qui peut inquiéter, compte tenu de la faible réserve de la nappe et de son faible débit. Lorsqu'une faible surface est cultivée, l'arrosage se fait même directement avec la puisette, notamment pour les dattiers qui sont arrosés pied par pied.