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    Autour de l'Ighazer

    La plaine de l’Ighazer se situe à la limite entre Sahara et Sahel. Au nord, se dessinent les massifs du Sahara central, Hoggar et Ajjer en particulier, dénommés bouclier Touareg. À l’est le désert du Ténéré, qui appartient au bassin du Lac Tchad, est séparé par la montagne bleue, l’Aïr, dont la partie orientale marque la séparation entre les deux grands bassins hydrographiques du lac Tchad et du fleuve Niger. A l’ouest et au sud enfin, s’étendent les plaines de I'Azawagh et du Damergou qui couvrent le bassin des Ouelleminden.


    Le bouclier Touareg

    Ce bouclier est enchâssé entre deux cratons, qui sont des parties très anciennes de notre lithosphère, celui de l’ouest-africain et le méta-craton saharien à l’est. Ces deux entités sont entrées en confrontation tectonique, ce qui eu pour effet de soulever la roche cristalline primaire formant ainsi les massifs du Sahara central. Cette confrontation a également soulevé les plateaux de roche primaire nigérians plus au sud, comme le plateau de Jos, il y a 600 millions d’années (Tillet 2018). Ces deux massifs cristallins sont donc des bombements constitués d’un socle précambrien structuré à l’orogenèse panafricaine et culminant à plus de 2400 mètres d’altitude pour le Sahara central. Les séries paléozoïques qui suivent, affleurent actuellement sous forme de cuestas entre ces bombements topographiques. Entre les deux boucliers Touareg et Nigérian, s’étend le bassin des Ouelleminden.

    Les massifs du Sahara central qui composent le bouclier Touareg sont l’Adrar des Ifoghas au Mali, l’Ahaggar en Algérie, le Tassili n’Ajjer entre Algérie et Libye, ainsi que le massif de l’Aïr au Niger. Ces massifs sont tous occupés par des populations Touareg et ce depuis les débuts de l’ère commune pour les plus septentrionaux et à partir du IVè siècle de notre ère pour les plus méridionaux. Ils sont le support d’une grande partie des peintures et gravures rupestres sahariennes qui furent l’expression des populations durant au moins 6000 ans, entre le VIè millénaire avant notre ère et le premier millénaire de notre ère.


    Le bassin du Lac Tchad

    La caractéristique majeure du bassin du Lac Tchad est l'endoréisme quasi complet de ses réseaux fluviatiles, c’est à dire qu’aucun des cours d’eau qui le composent ne se déverse dans une mer, mais au contraire ici, a pu se concentrer autour d’une retenue d’eau parfois qualifiée de Méga Lac Tchad. Dans sa partie nord, il est situé à cheval entre le Tchad et le Niger. Le lac comble, plus ou moins selon les périodes, une partie de la cuvette centrale de ce bassin, située essentiellement au Tchad. La partie occidentale du bassin se situe surtout au Niger et est composée, dans sa partie septentrionale, du désert du Ténéré - dont la frontière occidentale est le massif de l’Aïr - et qui se prolonge au Damergou, englobant le petit massif de Termit.

    Dans cette région affleure une épaisse série gréseuse du Continental intercalaire, la formation du Tegama qui contient la nappe de l’Ighazer et plusieurs autres niveaux aquifères superposés. Dans le fossé de Termit et du Tafidet, le Continental intercalaire est largement représenté avec diminution de son épaisseur d’Est en Ouest. Les périodes Cénomanien et Turonien sont surmontées par des argiles d’une épaisseur de 200 à 250 mètres. Le Sénonien est représenté par les grès de Termit, 350 mètres d’épaisseur. Une lacune de sédimentation caractérise le Paléocène. L’ensemble est couronné par une série conglomératique avec des argiles sableuses. Très peu de données hydrogéologiques caractérisent cette région. Cependant, l’ensemble gréseux du Crétacé constitue une nappe phréatique généralisée, la nappe de Termit-Tegama.

    Le désert du Ténéré est aujourd’hui composé de sables éoliens quaternaires qui recouvrent une forte épaisseur de couches sédimentaires du Crétacé (plus de 3000 mètres), lesquelles reposent elles-mêmes sur le socle Panafricain de l’Orogenèse.


    Le bassin des Ouelleminden

    L'Ighazer se situe au cœur d'un bassin sédimentaire qui s'étend du Sénégal au Tchad. Le socle cristallin du Précambrien (600 Ma), sur lequel repose ces sédiments, est représenté par les massifs du Sahara central comme l’Aïr. Les géologues, dont Radier et Greigert les premiers, le nomment « Bassin des Ouelleminden », du nom de la confédération Touareg occupant la partie centrale de ce bassin, l'Azawad au Mali et l'Azawagh au Niger.

    Le Paléozoïque, déformé au Carbonifère et à la fin du Permien (300 Ma), constitue la partie basale de la série sédimentaire remplissant le bassin des Ouelleminden. Le Trias, le Jurassique et le Crétacé sont représentés par des formations essentiellement continentales, à dominante argilo-gréseuse, dont l'ensemble peut atteindre 700 à 800 mètres d'épaisseur. Le Crétacé supérieur est caractérisé par la présence de séries marines argilo-calcaires du Cénomanien et du Turonien (300 mètres au maximum), que surmontent des argiles, grès, marnes et calcaires, d'origine continentale ou marine du Sénonien (170 à 300 mètres). La couverture tertiaire, qui affleure bien dans le bassin des Ouelleminden, comporte successivement des calcaires et argiles du Paléocène, 20 à 50 mètres, vers 70 Ma, époque d'extinction des dinosaures. Enfin des argiles, grès et niveaux ferrugineux de l’Éocène inférieur à moyen (10 à 35 mètres) et enfin les séries argilo-gréseuses du Continental Terminal.

    La phase de sédimentation qui débuta au Mésozoïque (250 Ma), s'est faite en alternance d'origine marine ou continentale. Les dépôts alternants carbonatés, argileux et gréseux, constituent actuellement un immense plateau dont les niveaux résistants ont été mis en relief par l’érosion (Bernus et al. 1999). Le bassin des Ouelleminden est donc constitué par une alternance de dépôts marins et continentaux. La stratigraphie de ce bassin comprend six formations qui reposent sur le socle cristallin :

    - les formations primaires : formées des grès et d'argiles fluvio-deltaïques paléozoïques, allant du silurien au carbonifère. Ces formations renferment d'importantes minéralisations uranifères,
    - les formations du Continental Intercalaire : ce sont les dépôts continentaux constituées de grès, de grès argileux, de sable et d'argile,
    - les formations marines : au total six transgressions marines ont été mises en évidence dans le bassin des Ouelleminden. Ces formations marines sont composées de calcaires, d'argiles, de marnes et de phosphates,
    - les formations du Continental Hamadien : ce sont des dépôts continentaux détritiques issus de l'altération du socle,
    - les formations du Continental Terminal : ce sont les dépôts continentaux postérieurs à l’éocène moyen et antérieurs au quaternaire,
    - enfin, les dépôts quaternaires : ce sont les dépôts dunaires et les alluvions d'origine fluvio-lacustre.

    Ces sédiments ne sont pas homogènes sur tout le bassin, la tectonique infléchissant la linéarité d'un tel profil. Ainsi, peuvent affleurer çà et là l'une ou l'autre des couches sédimentaires et en particulier les argiles de l'Ighazer pour notre zone d’étude. Cette épaisse séquence d'âge du Permien au Crétacé inférieur, de grès et de schistes, est connue comme la série du Continental intercalaire, qui affleure dans la plaine de l'Ighazer. Ces formations accueillent les horizons riches en uranium et cuivre, ainsi que des horizons salins riches et exploitables, qui affleurent notamment à Azelik et Tegidda n'Adrar.

    La richesse géologique de cette partie du Niger explique que cette région soit connue sous deux aspects principaux, l'uranium exploitée depuis les année 70 et la présence de nombreux restes fossiles de dinosauriens, requins et autres crocodiliens qui font du Niger l’un des hotspots en matière paléontologique.

    Subdivision du Bassin des Ouelleminden

    L’Ighazer se trouve dans l’aire septentrionale du bassin des Ouelleminden, formant le sous-bassin sédimentaire de la plaine de l’Ighazer ou bassin du Timersoï, qui est encadré par les premiers contreforts du massif de l’Aïr à l’est, par le massif de l’Ahaggar au nord et par le Ténéré du Tamesna et la vallée de l’Azawagh à l’ouest. Au sud, à partir des falaises de Tiguidit, s’étend la Tadarast avec les formations gréseuses du Tegama.

     


    Références

    Bernus E., Cressier P., Paris F., Durand A., Saliège J.-F. 1999 – Vallée de l’Azawagh, Études Nigériennes no 57, SEPIA, 422 p.
    Durand A. 1995 – Sédiments quaternaires et changements climatiques au Sahara central (Niger et Tchad), Africa Geoscience review, 2 (3‑4), p. 323‑614.
    Konaté M., Denis M., Yahaya M., Guiraud M. 2007 – Structuration extensive et transgressive au Dévono-Dinantien du bassin du Timersoï (bordure occidentale de l’Aïr, nord Niger), Annales de l’Université de Ouagadougou - Série C, Série C (5), p. 1‑32.
    Liégeois J.-P. 2019 – A New Synthetic Geological Map of the Tuareg Shield: An Overview of Its Global Structure and Geological Evolution, In The Geology of the Arab World : An Overview, Springer Nature, p. 83‑107.
    Morel A. 1985 – Les hauts massifs de l’Aïr (Niger) et leurs piémonts : étude géomorphologique, , Université de Grenoble, inédit, 404 p.
    Tillet T. 2018 – Evolution paléoclimatique et culturelle, le massif de l’Aïr, le désert du Ténéré, la dépression du Kawar et les plateaux du Djado, Le saharien, (225), p. 39‑67.

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    La recherche de gisement d'uranium au Niger - 1970 - 07:19 - Par Florence Dartois - ina.fr