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    L'Antiquité

    Pour comprendre le peuplement en Ighazer Aïr durant l’antiquité, il va nous falloir entre autres, comprendre le rayonnement du royaume des Garamantes et des peuplements voisins le long notamment de deux axes de commerce transsaharien, l'un menant au Lac Tchad et l'autre à la boucle du Niger, au regard des éléments que l’on a sur le peuplement en zone sahélienne.


    Au Sahara central, les premiers Berbères apparaissent dès le Néolithique, on les appelle les Protoberbères bovidiens et leurs premières traces se manifestent dès le VIè millénaire avant notre ère. Ils vont évoluer en population que l’on désigne sous le nom de Paléoberbères", dont les Libyens et Garamantes de l’Antiquité en sont les représentants. Ils vivent à l’interface entre le monde méditerranéen et le monde soudanais, non pas de l’autre côté du Sahara, mais qui au début de l’antiquité occupent l’ensemble du Sahara central.

    L’épopée garamante peut se définir en deux périodes. La première, dite période proto-urbaine Garamante de 500 à 0 BCE, fonde l’économie des garamantes. A la fin de cette période, les garamantes feront une tumultueuse rencontre avec l’empire Romain. La seconde période, ou période classique de 0 à 400 CE, sera une période faste commercialement, aux côtés de l’empire Romain, et jouant un rôle de plaque tournante du commerce transsaharien. Le royaume Garamante, premier État saharien, déclinera par la suite et son peuple se dispersera avant l’arrivée de l’Islam au VIIè siècle de notre ère.

    Les gétules vont occuper une place tout aussi importante que les garamantes dans l’histoire des populations de l’Ighazer. Gabriel Camps en fera des Sanhadja (Camps 1987) dont certaines factions, comme les Messufa, seront à l’origine du premier royaume de notre plaine. Les gétules sont des populations qui sont disséminées depuis la Syrte-Tripolitaine jusqu’aux rivages de l’atlantique sur une bande géographiquement hétérogène. Ils y occupent le plus souvent les hauts plateaux peu arrosés par un climat pré-désertique, restant pour une partie très en marge des autres populations notamment la Numidie et la Maurétanie (Desanges 1998). Le territoire gétules englobait une partie du désert saharien, la lisière nord du Sahara (Gsell cité par (Gascou 1970), c’est bien entendu cette frange méridionale de la Gétulie qui nous intéresse et particulièrement sa partie occidentale.

    De tous temps, il y a eu des échanges à travers le Sahara. Mais c'est sans doute à partir de la période antique que les voies transsahariennes se matérialisent le plus, pas seulement géographiquement, mais aussi mentalement dans les imaginaires des aventuriers qui peuvent trouver leur traduction dans le voyage de ces jeunes nasamons à travers le Sahara, relaté par Hérodote dans la première moitié du premier millénaire avant notre ère (Larcher 1850). Même si tout chemin peut être une voie de diffusion culturel, ce ne sont sans doute pas encore des routes commerciales proprement dites, mais plutôt des itinéraires de cabotage plus ou moins réguliers selon les périodes. Le royaume des Garamante fut un pole à partir duquel il est possible de tracer ces itinéraires à travers le Sahara pour atteindre le Sahel. Il faut bien préciser que les auteurs gréco-romains ne semblent pas connaître l’Afrique occidentale, leurs connaissance s’arrêtant à la région d’Agadir dans l’actuel Maroc.